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Une heure s’écoula ainsi, la plus longue assurément, la plus cruelle qu’elle eût jamais passée ; puis, un à un, les pêcheurs se rapprochèrent d’elle, et la réunion des torches fit revenir ceux qui s’étaient le plus éloignés ; chez tous ce fut la même signe de tête ou la même parole : rien.

À la façon dont elle s’appuya contre lui, Léon sentir combien profonde était la douleur qu’elle éprouvait, combien affreux était son désespoir.

— Ne voulez-vous pas chercher encore ? demanda-t-il.

— À quoi bon ?

— L’ombre a pu vous tromper.

— Je vous en prie ! s’écria Madeleine.

Pécune s’avança :

— Voyez-vous, mamzelle, dit-il, il ne faut pas croire que c’est par désespérance que nous vous disons ça ; seulement nous connaissons la mer, vous pensez bien ; il y a un courant infernal par cette grande marée.

— Précisément, interrompit Léon, c’est ce courant qui nous oblige à persévérer ; il peut avoir entraîné le corps plus loin que là où vos recherches se sont arrêtées.

Une nouvelle discussion s’engagea entre les pêcheurs, chacun émit son avis, mais sans rien affirmer, d’une façon dubitative et comme si l’on raisonnait en théorie ; en réalité, tous semblaient convaincus que pour le moment de nouvelles recherches était entièrement inutiles.

Ce qui, depuis plusieurs heures, soutenait Madeleine, c’était l’espérance, c’était la croyance qu’elle allait retrouver son père. Dans son désespoir, c’était là