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mer, se demandant si elle ne se retirerait jamais.

Elle se retira cependant et l’on alluma les torches goudronnées dont les flammes avivées par la brise et reflétées par le sable humide, par les flaques d’eau et par les goëmons ruisselants éclairèrent toute cette partie de la grève à une assez grande distance.

Mais, au moment de commencer les recherches, une discussion s’engagea entre les deux pêcheurs de Bernières sur la question de savoir le point précis où M. Haupois avait été englouti ; l’un soutenait que c’était à gauche d’un long rocher encore couvert par la vague écumeuse, l’autre que n’était au contraire à droite.

Léon, pour trancher le différend, qui entre Normands menaçait de prendre les proportions d’un procès à plaider, décida qu’on se diviserait en deux groupes ; l’une explorerait la droite, l’autre la gauche ; ceux qui trouveraient le corps devaient balancer trois fois leurs torches, car le ressac empêcherait d’entendre les paroles comme les cris.

Madeleine voulut suivre l’une de ces troupes, mais Léon la retint.

— Non, dit-il, restons ici, c’est le plus sûr moyen d’arriver vite auprès de ceux qui nous avertiront.

Elle n’était pas en état de discuter, encore moins de raisonner ; elle se laissa retenir et ses yeux suivirent anxieusement le va-et-vient des torches, secouée à chaque instant par le balancement d’une de ces torches, attendant le second ; et reconnaissant avec désespoir que ce qu’elle avait pris tout d’abord pour un signal était en réalité le résultat du hasard ou de l’inégalité des rochers sur lesquels les hommes marchaient.