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— La marée basse aura lieu cette nuit à une heure, dit-elle ; tu m’accompagneras, n’est-ce pas ?

Elle ne dit point où elle voulait aller ni ce qu’elle voulait faire, mais il n’était pas nécessaire qu’elle s’expliquât plus clairement pour être comprise de Léon.

— Nous irons ensemble, répondit-il.

Mais ce n’était pas seuls qu’ils pouvaient tenter la recherche que Madeleine demandait ; qu’eussent-ils pu faire sur la grève, au milieu des rochers, en pleine nuit ?

Abandonnant Madeleine un moment, Léon s’entendit avec la propriétaire pour que celle-ci s’occupât de réunir une dizaine d’hommes de bonne volonté, marins ou pêcheurs, qui les accompagneraient la nuit sur les îles de Bernières, munis de torches ou de lanternes ; puis, cela fait, il envoya un mot à M. Soullier, en le priant de retrouver quelques-unes des personnes qui avaient vu disparaître M. Haupois dans la fosse, et qui par conséquent pouvaient indiquer d’une façon exacte la place où il avait disparu.

Et, ces dispositions prises, il revint vers Madeleine, non pour détourner ou étourdir son désespoir par de banales paroles de consolation, mais pour être près d’elle, pour qu’elle ne fût pas seule.

Elle marchait en long et en large ; tournant autour de la table devant laquelle il s’était assis, puis, quand dans le silence arrivait le ronflement de la mer qui battait son plein, elle s’arrêtait parfois tout à coup, et avec un tressaillement qui la secouait de la tête aux pieds elle écoutait ; la brise passait, la plainte des vagues s’éteignait et Madeleine reprenait sa marche.

Parfois aussi elle restait immobile devant son cousin,