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— Mais je ne l’ai pas vu.

— Mon Dieu !

Léon posa un doigt sur ses lèvres en regardant M. Souiller, mais celui-ci, qui ne le connaissait pas, ne fit pas attention à ce signe ; d’ailleurs, il était tout à Madeleine.

— Avez-vous eu de mauvaises nouvelles de mon oncle ? demanda Léon.

La question avait l’avantage de permettre à M. Soullier de ne pas répondre directement à Madeleine ; celui-ci le sentir, et se tournant aussitôt vers Léon :

— On m’a parlé de monsieur votre oncle, dit-il, ou tout au moins j’ai cru que c’était de lui qu’il s’agissait.

Léon s’était rapproché de Madeleine et il lui avait pris la main.

— Que vous a-t-on dit ? demanda-t-elle, qu’avez-vous appris ? Où est mon père ? Courons près de lui.

Sans lui répondre directement, M. Soullier s’adressa à Léon :

— Ne voyant pas monsieur votre oncle venir, je testai chez moi, tout d’abord l’attendant, ensuite me disant qu’il avait sans doute renoncé à son projet de pêche. Il y a une heure environ, un de mes voisins, qui avait profité de la grande marée pour aller pêcher sur les roches qu’en appelle îles de Bernières, vient de me dire qu’un… accident… un malheur était arrivé.

— Mon Dieu ! s’écria Madeleine.

Sans s’adresser à elle, M. Soullier continua vivement, en homme qui a hâte d’achever ce qu’il doit dire :

— Une personne restée en arrière, quand déjà tout le monde revenait vers le rivage, avait été surprise par