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qui parlait, même consternation dans celles qui écoutaient ; puis l’une de ces jeunes filles s’étant tournée vers la cabine de Madeleine en levant les bras au ciel, on lui abaissa vivement les mains, et aussitôt elle reprit sa place dans le cercle.

Près de ces jeunes filles des enfants s’amusaient à construire des fortifications en sable pour les opposer à la marée montante ; l’un d’eux abandonna ce travail pour aller écouter ce que disaient les joueuses de croquet ; puis étant revenu près de ses camarades, ceux-ci l’entourèrent et les fortifications furent abandonnées sans défenseurs à l’assaut des vagues.

Il était impossible de ne pas reconnaître que tout cela était significatif. Quelque chose d’extraordinaire venait de se passer.

Tout à coup Madeleine s’arrêta, et se levant vivement :

— Veux-tu venir avec moi ? s’écria-t-elle. J’ai peur. Cette animation n’est pas naturelle. On nous regarde et comme si l’on osait pas nous regarder. Il faut que je sache. Je vais interroger ceux qui paraissent savoir quelque chose.

Comme elle venait de faire quelques pas en avant pour se diriger vers les joueuses de croquet, elle s’arrêta brusquement.

— M. Soullier s’écria-t-elle en désignant de la main un monsieur qui s’avançait marchant à grands pas.

Et elle se mit à courir, sans plus s’inquiéter de Léon, qui la suivit.

Ils arrivèrent ainsi tous deux ensemble près de M. Soullier.

— Mon père ! s’écria Madeleine.