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mouillés jusqu’aux épaules, s’en revenaient gaiement.

— Tout le monde rentre, dit Madeleine, nous ne devons pas tarder maintenant à voir mon père arriver avec M. Soullier.

Et guidant Léon elle le conduisit à leur cabine, dont elle ouvrit les deux portes vitrées, puis l’ayant fait asseoir et s’étant elle-même installée en se tournant du côté de Bernières :

— Ainsi placée, dit-elle, je verrai mon père arriver de loin et je te préviendrai :

C’était toujours la même idée qui revenait comme si Madeleine eut été sous l’oppression d’un funeste pressentiment. Il eut voulu l’en distraire, mais comment ? Ne valait-il pas mieux après tout qu’elle fût jusqu’à un certain point préparée à recevoir le coup suspendu au-dessus de sa tête, et qui d’un moment à l’autre, dans quelques minutes, peut-être allait la frapper ; n’en serait-il pas moins dangereux, s’il n’en était pas moins rude ?

— Qu’as-tu donc ? lui demanda-t-elle après un moment de silence.

— Je pense à mon oncle.

— Tu es inquiet, n’est-ce pas ?

— Inquiet, pourquoi ? Je pense à sa maladie.

— Si tu savais comme il en souffre, non par le mal lui-même, mais par l’angoisse qu’il lui cause pour le présent et plus encore pour l’avenir, car tu comprends que sa position se trouve compromise. Aussi voudrait-il cacher à tous le danger qui le menace. S’il se doute que quelqu’un de Rouen t’a parlé de sa maladie, cela le tourmentera beaucoup.

— N’est-il pas convenu que je suis arrivé ici en me promenant ?