Page:Malot - Cara, 1878.djvu/423

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et il feuilleta les lettres qui étalent rangées dépliées les unes par-dessus les autres :

— Elles n’ont ni enveloppes ni adresses, dit-il après son examen, cela leur ôte pour nous une valeur qu’elles auraient, je l’avoue, si elles portaient votre nom et le timbre de la poste ; mais, telles quelles sont en cet état, elles ne signifient rien, car si vous les envoyez à madame Haupois jeune, celle-ci, qui a entendu parler de vous, croira que vous avez fait fabriquer ces lettres en imitant l’écriture de son mari. Désolé de ne pouvoir faire cette petite affaire ; mais j’espère que celle des trois cent mille francs vous suffira pour vivre dignement en veuve de Léon, comme vous en manifestiez le désir autrefois.

Ces trois cent mille francs ne suffirent pas à cela cependant, car deux ans après, le lendemain du baptême de son second petit-fils, M. Haupois-Daguillon reçut la lettre suivante, qui lui apprit que Cara était dans une fâcheuse situation :

« Monsieur,

« Vous trouverez ci-inclus, un paquet de trente-trois lettres, ce sont celles que votre fils m’écrivit, et c’est tout ce qui me reste de lui.

« Je vous les remets ne voulant pas m’adresser à lui pour me secourir dans la position désespérée où je me trouve : je vais être expulsée de mon logement et mon pauvre mobilier va être vendu si jeudi je ne paye pas, on si quelqu’un ne paye pas pour moi, une somme de quatre mille francs, entre les mains de l’huissier qui me poursuit : Bonnot, 1, rue Drouot.