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le tribunal lors du procès engagé à propos du testament du duc de Carami prouvait que dans certaines circonstances elle pouvait très-bien préférer la vengeance à l’intérêt.

La peur de ce scandale détermina Byasson à aller voir faim qu’il avait à la préfecture de police, de sorte que l’on remarqua pendant la cérémonie à l’église et à la mairie, plusieurs invités à l’air martial, paraissant assez mal à l’aise dans leurs gants et que personne ne connaissait.

Rien ne troubla cette double cérémonie, ni le dîner, ni le bal qui eut lieu sous une tente dressée dans la cour d’honneur du château de Noiseau.

De tous les amis de la famille, Byasson seul manqua à cette soirée ; il quitta Noiseau après le dîner, et à dix heures, il arrivait rue Auber, portant dans ses poches trois cent mille francs.

Cara l’attendait ; elle reçut les billets et les compta avec un calme parfait :

— Maintenant, dit-elle, nous avons une dernière affaire à traiter : combien m’achetez-vous les trente-trois lettres que voici : elles sont de Léon, très-tendres, quelquefois passionnées, d’autres fois légères, et si j’en envoie une chaque jour à madame Haupois jeune, je crois que celle-ci passera une assez vilaine lune de miel.

Byasson resta un moment embarrassé, puis il allongea la main vers le paquet de lettres :

— Vous permettez ? dit-il.

— Si vous voulez, je vais vous en lire deux ou trois.

— Non, merci, je ne tiens pas à entendre, il me suffit de voir.