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malfaisante, dit-elle, vous réalisez aujourd’hui votre désir.

— Convenez au moins que l’empreinte de mes doigts est adoucie par les chiffons de papier qui les enveloppent.

Cara, ainsi que l’avait dit Byasson, savait mieux que personne toute la force d’un nouvel amour ; cependant elle voulut voir si elle ne pouvait pas reconquérir Léon en perdant Madeleine, ce qui était sa seule chance de succès ; mais Sciazziga, sur qui elle comptait, ne put pas l’aider ; d’ailleurs, après un moment de dépit, il s’était résigné à toucher ses deux cent mille francs, et maintenant il n’attendait plus que ce moment pour aller vivre en Italie heureux et tranquille, n’ayant d’autre regret « qué dé voir oune grande artiste finir misérablement dans oune mariaze bourzeois. »

Battue de ce côté, Cara, qui ne voulait pas exposer ses trois cent mille francs, n’eut plus d’espérance que dans la validité de son mariage, car il était bien certain que si la famille Haupois-Daguillon croyait ne pas pouvoir obtenir de la cour de Rome la nullité de ce mariage, elle lui payerait cher son acquiescement à la demande en nullité : c’était une dernière carte à jouer, et il fallait la jouer sérieusement ; malheureusement pour elle, elle perdit encore cette partie.

Malgré l’apparente confiance de Byasson, il n’était pas du tout prouvé que Rome prononçât jamais cette nullité.

M. et madame Haupois s’étaient adressés à un personnage influent, disait-on, et qui déjà avait fait prononcer la nullité d’un mariage conclu entre un banquier allemand et une Française ; mais ce personnage,