Royale, il voulut aussi reconduire Byasson, car il avait à entretenir celui-ci d’une affaire délicate dont il ne pouvait parler ni devant Madeleine ni devant ses parents.
— Mon cher ami, dit-il, avez-vous assez confiance dans l’associé de la maison Haupois-Daguillon pour lui prêter trois cent mille francs ?
— Je te préviens que si tu veux employer cet argent à payer le dédit de Madeleine, tu n’as pas besoin de t’endetter ; il est convenu que ton père prend ce dédit à sa charge et qu’il traitera avec Sciazziga. Quant à l’engagement que Madeleine a signé à l’Opéra, il sera expiré avant que vous puissiez vous marier.
— Ce n’est point de Madeleine qu’il s’agit, c’est de Cara ; elle a vendu son mobilier pour moi, et cette vente lui a fait subir une perte.
— On prétend, au contraire, qu’elle lui a donné un gros bénéfice.
— Ceci est affaire d’appréciation : de plus elle m’a prêté diverses sommes ; j’estime que ces sommes et que l’indemnité que je lui dois valent trois cent mille francs. Voulez-vous les payer en mon nom, car je ne veux pas la revoir. Si vous me refusez, je serai obligé de m’adresser à mes parents, et cela me coûtera beaucoup ; je ne voudrais pas mettre cette nouvelle dépense à leur charge, je voudrais, au contraire, l’acquitter avec mes premiers bénéfices.
— Eh bien ! je te les prêterai, mais à une condition qui est que je ne les verserai à Cara que le jour de ton mariage ; et dès demain j’irai régler cette affaire avec elle.
Le lendemain matin, en effet, Byasson se rendit rue Auber : il fut reçu avec empressement.