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— Il ne faut pas être trop heureux pour bien manger, dit-il ; nous manquons de recueillement pour apprécier ce merveilleux dîner.

Madeleine et Léon croyaient passer la soiréedans une étroite intimité, mais à neuf heures Jacques, ouvrant la porte du salon, annonça M. Le Genest de la Crochardière, le notaire de la famille.

Que venait-il faire ?

M. Haupois-Daguillon se chargea de répondre à cette question que Léon s’était posée : il le fit avec une dignité tempérée par l’émotion.

— Comme tu nous as fait part de ton désir de rentrer dans notre maison, dit-il, nous avons pensé, ta mère et moi, que ce ne pouvait pas être dans les mêmes conditions qu’autrefois ; nous avons donc prié M. le Genest de dresser un projet d’acte de société dont il va te donner lecture et que nous réaliserons quand tu auras été relevé de ton conseil judiciaire. Notre Société est formée pour cinq années ; elle te reconnaît une part de propriété égale à la notre ; la raison sociale sera : Haupois-Daguillon et fils ; et la direction de notre maison de Madrid sera, si tu le veux bien, confiée à Saffroy.

Ces derniers mots s’adressèrent à Madeleine autant qu’à Léon.

La lecture de cet acte et les commentaires dont l’accompagna M. Le Genest de la Crochardière, homme discret et prolixe, — presque aussi prolixe en ses discours qu’en son nom, — occupèrent tout le reste de la soirée

Léon voulut conduire Madeleine jusqu’à la porte de son ancien appartement, puis avant de rentrer rue