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lui demander d’être ma femme, car elle n’a pas de fortune et mes parents ne consentiraient jamais à l’accueillir comme leur fille : tu comprends, n’est-ce pas, que je ne me marierais pas une seconde fois sans le consentement de mon père et de ma mère ; et tu comprends aussi que dans ces conditions, je dois partir.

— Mais, si tu avais ce consentement, partirais-tu ?

— Je ne pourrais pas l’avoir.

— Si je te disais que je l’aurai moi, que je l’ai… partirais-tu ?

— Madeleine !…

— Si je te disais que ton père et ta mère m’ont demandé d’être ta femme… Partirais-tu ? Si je te disais que tu te trompes en croyant que celle que tu aimes ne pourra pas t’aimer… partirais-tu ?

IX

Ils allèrent jusqu’au sémaphore de Bernières, et tous deux, à côté l’un de l’autre, Madeleine lisant ce que Léon écrivait, Léon lisant ce qu’écrivait Madeleine, ils rédigèrent leurs dépêches :

« Cher oncle,

« Tuez le veau gras ; invitez pour dîner demain M. Byasson, et faites mettre le couvert de Léon ainsi que celui de votre fille.

» Madeleine. »