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à papa, si par hasard il revenait par la grande route, que je suis dans la cabine avec mon cousin Léon ; vous n’oublièrez pas, n’est-ce pas, mon cousin Léon ?

La pauvre enfant, comme elle était loin de prévoir le coup épouvantable qui allait la frapper dans quelques instants, dans quelques secondes peut-être ! Et Léon sa demanda s’il n’était pas possible d’amortir la violence de ce coup en la préparant à le recevoir. Mais comment ? Que dire ? Lorsque la vérité serait connue, n’éclairerait-elle pas d’une lueur sinistre ce qu’il aurait tenté en ce moment ? Toute parole n’était-elle pas imprudente ?

Madeleine ne lui laissa pas le temps de réfléchir.

— Sais-tu, dit-elle, que ta dépêche m’a causé autant de surprise que de joie ? Te souviens-tu du dernier jour où nous nous sommes vus ?

— Il y a environ deux ans.

— Il y a deux ans, trois mois et onze jours.

— J’ai dû par respect et par convenance ne pas donner un démenti à mon père.

— Qu’allons-nous inventer pour expliquer ton voyage, il ne faut pas l’effrayer, et il s’inquiète tant du danger qui le menace que ce serait lui porter un coup pénible, que de lui dire que tu as été averti de ce danger par… par qui ? Est-ce par le docteur La Roë ?

Léon avait préparé sa réponse à cette question, car il avait bien prévu qu’elle lui serait posée : il raconta donc l’histoire qu’il avait inventée à l’avance.

— Ne peux-tu pas dire que tu faisais une excursion de plaisir sur le littoral ?

— Précisément, et comme mon oncle me parlera sans doute de sa maladie, je pourrai tout naturellement