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elle le confirme, il sera temps à ce moment-là de recourir au dernier acte respectueux.

— Tu sais bien qu’elle le confirmera. Si tu étais franc, tu dirais que tu espères qu’elle le confirmera, et c’est parce que tu as cette espérance que tu ne veux pas que cette dernière sommation soit notifiée.

— Je ne veux pas qu’elle le soit, parce qu’il ne me convient pas en ce moment de pousser les choses à l’extrémité ; mon père et ma mère sont malades de chagrin, il ne me convient pas de les tuer.

— C’était lors de la première sommation qu’il fallait faire ces touchantes réflexions.

— Lors de la première sommation, j’étais exaspéré par le procès en nullité de mariage, et tu as su mettre cette exaspération à profit pour m’arracher l’ordre de faire cette sommation ; aujourd’hui je ne suis plus sous ce coup immédiat de la colère, je me suis calmé.

— Dis que tu as réfléchi.

— Si tu le veux : j’ai réfléchi et j’ai compris ; j’ai senti que j’avais des devoirs envers mes parents.

— N’en as-tu pas envers moi ?

— Il me semble que je les ai remplis ; tu as voulu ce mariage pour calmer ta conscience qui s’éveillait ; je l’ai accepté, bien qu’il ne me parût pas sérieux…

— Parce qu’il ne te paraissait pas sérieux plutôt.

— Tu cherches une querelle ; je ne suis point d’humeur à en supporter une ; au revoir.

Elle se jeta sur lui pour le retenir :

— Léon, je t’en conjure, si tu m’aimes encore, par pitié…

Il se dégagea assez brusquement, descendit l’esca-