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La vérité n’était que trop évidente : l’irréparable était à cette heure accompli, et les dispositions prises par son oncle s’étaient réalisées : « Quand tu arriveras à Saint-Aubin, Madeleine ne saura rien, au moins saurai tout arrangé pour cela. » Ils étaient faciles à deviner ces arrangements, et certainement cette visité à ce M. Soullier avait été une tromperie inventée par le père pour abuser la fille. Maintenant il n’y avait plus qu’à attendre que cette tromperie se révélât ; il n’y avait plus qu’à se conformer aux désirs de la lettre : « Au moment où elle sera frappée, qu’elle trouve une main qui la soutienne et un cœur dans lequel elle puisse pleurer. » S’il arrivait trop tard pour sauver son oncle, au moins arrivait-il assez tôt pour tendre la main à sa cousine. Cependant telles étaient les circonstances, qu’il ne devait pas devancer les événements, mais au contraire n’intervenir qu’après qu’ils auraient parlé.

— Es-tu fatigué ? demanda Madeleine.

— Pas du tout.

— Je te demande cela pour savoir si tu veux attendre papa ici, ou bien si tu veux que nous allions dans notre cabine au bord de la mer.

— Je ferai ce que tu voudras, dit-il.

— Eh bien ! allons sur la plage, c’est le mieux pour voir papa plus tôt.

Ayant mis vivement un chapeau et un manteau, elle tendit la main à son cousin.

— M’offres-tu ton bras ? dit-elle.

Avant de prendre le chemin qui conduit à la plage, Madeleine frappa doucement au carreau d’une fenêtre.

— Madame Exupère, dit-elle à la femme qui ouvrit cette fenêtre, voulez-vous avoir la complaisance de dire