Page:Malot - Cara, 1878.djvu/399

Cette page n’a pas encore été corrigée

Liverpool, le reçut sans un mot de reproches, doucement, affectueusement :

— Je t’attendais, lui dit-il en lui serrant la main ; si j’avais pu pénétrer jusqu’à toi, je t’aurais évité la peine de venir jusqu’ici, ce qui te fera peut-être gronder, et je t’aurais porté certains renseignements que tu dois connaître.

— Ces renseignements sont des accusations, m’a dit M. de la Branche.

— Ce n’est pas notre faute si l’homme qui a été chargé par tes parents de surveiller Cara…

— Vous voulez dire ma femme, sans doute.

— Je ne pourrai jamais lui donner ce titre. Enfin n’argumentons point là-dessus, je te prie. Tes parents ont donc chargé un homme de surveiller celle dont nous parlons, et ce n’est point de notre faute s’il a dressé contre elle un acte d’accusation au lieu d’écrire un panégyrique en sa faveur. Il a dit ce qu’il avait vu, tout simplement, sans phrases, avec des faits, rien que des faits. C’est cet acte d’accusation que je veux te remettre et que tu serais un enfant de ne pas lire. Tu penses bien que tes parents n’ont point eu la naïveté de vouloir te convaincre par de belles phrases que celle dont tu veux faire ta femme était… était indigne de toi. Il n’y a donc dans ces pièces que des faits dont tu pourras contrôler l’exactitude. Quand tu auras lu, tu seras fixé. Ne sachant pas si tu suivrais le conseil de M. de la Branche, et me trouvant assez embarrassé pour te faire parvenir ces pièces, j’ai pensé un moment à charger Madeleine de te les remettre.

— Vous n’auriez pas fait cela !

— Voilà un mot qui est une cruelle condamnation.