Page:Malot - Cara, 1878.djvu/398

Cette page n’a pas encore été corrigée

cas de ne pas procéder à la dernière sommation avant que vous m’ayez dit que vous avez vu M. Byasson.

Léon aimait peu qu’on lui donnât des leçons ; cette façon de disposer de lui l’exaspéra.

— Il me semblait, dit-il, que vous étiez mon notaire et non celui de M. Byasson ou de ma famille.

M. de la Branche, bien que jeune encore, avait cette qualité rare de ne pas se fâcher et de ne jamais se laisser emporter :

— Parfaitement, dit-il, de son ton calme ; aussi est-ce comme votre notaire, c’est-à-dire, en prenant à cœur ce que je crois vos intérêts, que j’agis en tout ceci, selon ma conscience ; et je vous adjure, monsieur, d’écouter la vôtre plutôt que votre susceptibilité qui, j’en conviens, peut en ce moment se trouver blessée. Mais réfléchissez, surtout Voyez M. Byasson, et, après avoir fait acte d’homme raisonnable qui ne ferme point de parti pris les yeux à la lumière, nous reprendrons cet entretien. D’aujourd’hui en huit, à pareille heure, si vous le voulez bien, je serai à votre disposition.

Léon resta pendant cinq jours sans aller chez Byasson, fâché contre celui-ci, irrité contre son père et sa mère, furieux contre Cara qui ne l’avait jamais vu de pareille humeur, exaspéré contre lui-même et changeant d’avis dix fois par heure sur la question de savoir s’il suivrait ou ne suivrait pas l’avis du notaire. Comme pendant ces cinq jours il ne vit point Madeleine, il s’enfonça de plus en plus dans sa colère. Enfin, se disant qu’il ne devait point paraître avoir peur des révélations qu’on lui annonçait, il arriva un matin chez Byasson.

Celui-ci, qui ne l’avait pas vu depuis leur voyage à