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l’Opéra, mais Léon ne l’accompagna point, au moins dans la salle, car il profita de sa liberté pour aller rendre visité à Madeleine dans sa loge et passer trois entr’actes avec elle.

Si Cara avait appris ces visités, elle eût vu tous les dangers de sa situation ; mais n’ayant pas pris de précautions pour surveiller Léon, elle ignora où il avait passé sa soirée

— Je me suis promené, dit-il, quand elle lui demanda comment il avait employé son temps.

Mais bientôt un fait beaucoup plus grave que son refus d’aller à l’Opéra vint jeter sur cette situation une éblouissante lumière.

Le moment était venu pour Léon d’adresser à ses parents le troisième acte respectueux après lequel, selon le langage de la loi, il pourrait passer outre à la célébration de son mariage. Deux jours avant l’expiration du délai dans lequel cet acte pouvait être signifié, il reçut une lettre de son notaire, par laquelle celui-ci le priait de passer à son étude. Bien entendu, ce fut à Cara qu’on la remit ; mais en voyant la griffe de Me de la Branche, elle n’eut garde de retenir ou de décacheter une lettre dont elle croyait connaître le contenu. C’était par Riolle que lui avait été recommandé le notaire de la Branche comme un homme capable de donner un peu de la considération dont il jouissait à ses clients, et elle avait toute confiance dans les recommandations de son ami Riolle.

Léon se rendit donc à l’invitation de son notaire ; celui-ci le reçut avec une figure grave et un air recueilli :

— Monsieur, lui dit-il, le moment arrive où, selon