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de l’artiste, le tour qui seuls eussent pu leur imprimer un caractère de vraisemblance et d’autorité.

S’il avait prudemment confisqué le journal où il avait lu le nom de Madeleine, Cara n’en avait pas moins bien vite appris que mademoiselle Harol, dont tout Paris parlait, était la cousine de Léon, et de là à conclure que c’était pour voir cette cousine que Léon s’absentait, il n’y avait qu’un pas, qu’elle avait bien vite aussi franchi.

— Pourquoi ne me dis-tu pas que tu viens de voir ta cousine, mademoiselle Harol ? lui avait-elle demandé le lendemain du jour où elle avait su qui était mademoiselle Harol.

Il fut obligé de dire et de soutenir malgré l’évidence qu’il ne l’avait point vue encore.

— Pourquoi ne la vois-tu pas ?

— Parce que je ne vois plus personne de ma famille.

— Oh ! une comédienne ne doit pas, il me semble, avoir la bégueulerie de tes parents bourgeois. En tout cas, moi, j’ai envie de la voir, ma cousine ; nous irons ce soirà l’Opéra.

— Tu iras si tu veux ; moi, je n’irai pas.

— Parce que ?

— Parce que je ne veux pas m’exposer à rencontrer mon père ou ma mère qui doivent suivre les représensations de leur nièce.

C’était la première fois que Cara rencontrait une résistance sérieuse chez son amant, ou, comme elle disait, chez son mari, et, ce qui fut bien caractéristique, quoi qu’elle fît, elle ne parvint point à la briser. Elle alla à