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Alors elle lui fit le récit qu’elle avait déjà fait à Byasson, mais plus longuement, avec plus de détails, de manière à ce qu’il la suivît dans son existence à Paris, en Italie, à ce qu’il vît et connût ceux qui l’avaient entourée, particulièrement Sciazziga.

Au moment où l’on parlait de lui, Sciazziga, annoncé par la femme de chambre, entra dans le salon ; il savait qu’un jeune homme était chez Madeleine, et il venait voir quel était ce jeune homme. Bien entendu il avait un prétexte, un bon prétexte bien arrangé, pour se présenter et interrompre, malgré loui, la signora oune raison impériouse ; mais Madeleine, qui ne se laissa pas prendre à cette raison impériouse, lui répondit qu’elle ne pouvait rien entendre en ce moment, qu’elle avait à causer d’affaires sérieuses avec son cousin, — ce fut toute la présensation, — et que plus tard elle l’entendrait.

— Tu vois que mon cornac fait bonne garde autour de moi, dit-elle en riant lorsque Sciazziga fut sorti ; au reste, je ne suis qu’à moitié fâchée de cette visité, elle te montre, au moins pour un côté, quelle a été ma vie depuis que j’ai quitté la rue de Rivoli : il y a un mois, Sciazziga ne serait pas parti ; il se serait arrangé pour assister à notre entretien.

Puis elle acheva son récit.

— Tu vois, dit-elle en le terminant, que je n’ai pas été trop malheureuse ; les commencements, il est vrai, ont été durs, mais enfin j’ai été favorisée par la chance ; maintenant que j’ai vu de près les dangers auxquels je m’exposais, je comprends combien je dois me trouver heureuse. Mais c’est assez parler de moi, et toi ?

Il ne répondit pas tout de suite, et ce fut après quelques secondes d’embarras qu’il la regarda :