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Il sauta vivement à bas de la voiture, et prenant dans ses deux mains celles que Madeleine lui tendait :

— Mon oncle ? demanda-t-il.

— Il est à la pêche.

Léon resta un moment sans trouver une parole : il arrivait donc trop tard.

— Tu n’as pas reçu ma dépêche ? demanda-t-il enfin ; car sous peine de se trahir il fallait bien parler.

— Si mais papa était déjà parti ; je l’avais conduit jusqu’à la porte d’un de nos amis, M. Soullier, et c’est en revenant le long de la grève que l’homme du sémaphore, m’ayant rejointe, me remis ta dépêche ; j’ai été pour retourner sur mes pas, mais j’ai réfléchi que papa ne courait aucun danger, puisque M. Soullier l’accompagne.

— Ah ! ce monsieur l’accompagne ?

— Comme tu me dis cela.

— C’est que, ne connaissant pas ce M. Souillier, je m’étonne qu’il accompagne mon oncle.

— M. Soullier est un magistrat de la cour de Caen qui habite Bernières pendant les vacances ; papa et lui se voient presque tous les jours et bien souvent ils vont à la pêche ensemble ; il va ramener papa tout à l’heure et tu feras sa connaissance ; je suis même surprise qu’ils ne soient pas encore arrivés. Mais entre donc ; donne-moi ton sac ; on le portera à l’hôtel, où je t’ai retenu une chambre, car nous n’en avons pas à te donner dans cette maison qui n’est pas grande, tu le vois.

Pendant que Madeleine lui donnait ces explications, Léon eut le temps de se remettre et de composer son visage.