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— Qui dois-je annoncer ? demanda la femme de chambre, lorsqu’il se présenta.

Il dit son nom ; et ce fut en marchant fiévreusement en long et en large, les mains contractées, les lèvres frémissantes, qu’il attendit dans le salon où on l’avait fait entrer, ne voyant rien, ne remarquant rien de ce qui l’entourait.

Une porte s’ouvrit : — c’était elle.

Il s’avança les bras ouverts.

Elle s’arrêta.

De part et d’autre, il y eut un moment d’embarras et d’hésitation.

Elle lui tendit la main.

Il ne la prit point, mais il ouvrit les bras.

Autrefois ils ne se donnaient pas la main, ils s’embrassaient : c’était donc avec les sentiments d’autrefois, c’est-à-dire ceux de l’affection familiale, qu’il l’abordait.

Elle l’embrassa comme lui-même l’embrassait.

— Chère Madeleine, dit-il en s’asseyant près d’elle, te voilà, te voilà donc enfin !

Sa voix était haletante, saccadée, ses mains tremblaient, évidemment il était sous l’influence d’une émotion profonde.

Il la regarda longuement ; puis avec un sourire :

— Tu as embelli, dit-il, oui certainement tu as embelli ; comme tes yeux ont de l’éclat sans avoir rien perdu de leur douceur, comme ta physionomie a pris de la noblesse ! Et c’est toi, mademoiselle Harol ?

— Mais oui.

Elle-même était profondément troublée, cette émotion l’avait gagnée ; elle voulut réagir et ne pas s’abandonner :