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de Madeleine ; il raconterait à un journaliste l’histoire vraie de celle-ci, c’est-à-dire l’histoire de son origine et de sa vocation, et le surlendemain dans tous les journaux de Paris on lirait cette histoire, arrangée avec la seule préoccupation de cacher plus ou moins habilement la source où on l’avait puisée.

Si Cara exerçait son contrôle sur les lettres, elle ne pouvait pas se défier des journaux. Léon serait donc sûrement informé de la présence de Madeleine à Paris ; il est vrai que le public apprendrait aussi que mademoiselle Harol n’était autre que mademoiselle Madeleine Haupois, fille d’un ancien magistrat, et nièce de M. Haupois-Daguillon, le célèbre orfèvre de la rue Royale ; mais c’était là un secret qui devait éclater tôt ou tard, et mieux valait le révéler utilement que de laisser cette révélation au hasard, qui n’en tirerait pas profit.

Les choses s’arrangèrent ainsi, et grande fut la surprise de Léon lorsqu’en parcourant son journal d’un œil distrait il fut frappé par son nom. En ces derniers temps, il avait eu le désagrément de voir son nom assez souvent imprimé dans les journaux, pour le reconnaître à première vue, même lorsqu’il était noyé au milieu d’un article. Cette fois ce n’était pas à la rubrique des tribunaux que ce nom se montrait, c’était à celle des théâtres.

Madeleine à Paris ! Madeleine était cette chanteuse qui venait de débuter à l’Opéra avec un succès que tous les journaux célébraient !

Justement Cara était absente ; il n’eut point d’explication à donner, point de prétexte à inventer, il courut à l’Opéra et de l’Opéra rue Châteaudun.