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Jusqu’à ce moment, M. Haupois avait parlé avec une certaine gêne ; mais, arrivé à ce point de son discours, car c’était bien un discours, il reprit toute son aisance. Évidemment il se sentait sûr de lui, et maintenant il avait confiance dans sa parole :

— Ce que nous voulons, c’est que Léon soit dans une belle position ; il a été élevé pour cette position, il doit l’occuper, et puisque sa femme ne peut pas lui donner la dot sur laquelle nous comptions, c’est à nous de fournir ce qu’elle n’apporte pas. Tu es notre nièce, il est tout naturel que nous te dotions. Nous donnerons donc une part de notre maison de commerce à notre fils le jour de son mariage, et à toi notre nièce et sa femme, nous donnerons un million.

C’est un gros chiffre qu’un million, mais dans la bouche de M. Haupois il devenait beaucoup plus gros et beaucoup plus prestigieux encore que dans la réalité. Un million de dot !

Il trouva habile de rester sur l’effet que ce mot avait dû produire.

— Je suis obligé de sortir pour quelques instants, dit-il, je te laisse avec ta tante, j’espère te retrouver.

Ce ne fut point la langue des affaires que madame Haupois-Daguillon fit entendre à Madeleine ; elle ne chercha point à l’éblouir en faisant miroiter des millions devant ses yeux ; elle ne lui parla que d’affection, que de tendresse, que de famille.

Et ce que Byasson avait dit elle le répéta, mais en mère qui cherche à sauver son fils.

Madeleine fut beaucoup plus sensible à ce langage qu’elle ne l’avait été à celui de son oncle, qui plus d’une fois l’avait blessée.