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peur que je ne consente pas à venir à Paris, qui a arraché cette concession à Sciazziga. Aussi, depuis mon arrivée, le mari et la femme vivent-ils dans des transes continuelles ; et, tout à l’heure, quand nous sommes sortis, si vous les aviez connus, vous auriez vu le mari et la femme nous observant ; je ne suis pas bien certaine que le mari ou la femme ne nous suive pas. Si j’allais me marier ? Si j’allais quitter le théâtre ? C’est là leur grande crainte. Quand Sciazziga m’a fait signer l’engagement qui me lie à lui, il a stipulé un dédit de 200, 000 francs au cas où je quitterais le théâtre avant l’expiration de cet engagement. À ce moment 200, 000 francs c’était une grosse somme ; mais maintenant je vaux mieux que cela, et je leur gagnerai plus de 200, 000 francs en continuant de partager mes appointements avec eux.

Ils arrivaient devant la porte de la maison Haupois-Daguillon.

En montant l’escalier, Byasson sentir le bras de Madeleine trembler sous le sien.

Il s’arrêta, et se penchant vers elle en parlant à mi-voix :

— N’oubliez pas, chère enfant, que dans cette maison désolée vous allez remplir le rôle de la Providence.

La première personne qu’ils trouvèrent en entrant dans les magasins fut Saffroy, qui, lorsqu’il aperçut Madeleine au bras de Byasson, resta immobile comme s’il était pétrifié.

En ces derniers temps, sa situation dans la maison avait pris une importance de plus en plus prépondérante ; les chagrins, les préoccupations, les voyages