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IV

Byasson offrit son bras à Madeleine, et ils se dirigèrent vers la rue Royale ; tout en marchent, il l’interrogea sur ses études, sur ses débuts, sur sa vie de théâtre, et elle lui raconta combien les commencements de cette existence si nouvelle pour elle lui avaient été durs ; elle lui fit aussi le récit de ses visites à Maraval et à Lozès.

— J’ai eu bien des défaillances ; j’ai eu aussi bien des dégoûts, dont le plus amer s’est trouvé dans l’existence en commun, une existence étroite, intime avec ceux à qui j’appartiens présentement, M. et madame Sciazziga. Au fond, ce ne sont point de méchantes gens, mais nos goûts, nos idées ne sont pas les mêmes, nous n’avons pas été élevés de la même façon, nous n’envisageons pas les choses au même point de vue. Depuis trois ans madame Sciazziga ne m’avait pas quittée d’une minute, je suis un capital pour eux et ils me gardent avec des précautions dont ils ne soupçonnent même pas l’inconvenance révoltante. C’est seulement lorsqu’il a été question de venir à Paris que j’ai stipulé une certaine liberté : pouvais-je consentir à paraître devant les personnes qui ont connu mon père ou qui connaissent ma famille, avec madame Sciazziga à mes côtés comme une duègne du théâtre espagnol ? C’est la