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vous n’aviez pas d’argent, soient en fin de compte, punis par l’argent.

— Mais j’appartiens au théâtre. Si lorsque j’ai embrassé cette carrière je n’étais pas poussée par une irrésistible vocation, cette vocation est venue, je suis une artiste, j’aime mon art.

— Ah ! je sais que c’est un sacrifice que je vous demande, et je ne viens pas vous éblouir de la fortune que vous trouverez dans ce mariage ; c’est le langage du sentiment et du cœur que je vous parle, celui-là seul et non un autre. Avez-vous eu… je ne dirai pas de l’amour pour Léon, ce n’est pas moi qui peux vous poser une pareille question, je vous dis avez-vous eu de l’affection, de la tendresse pour votre cousin ? cette affection, cette tendresse existe-t-elle encore ? si oui, ayez pitié de lui, ma chère fille, tendez-lui la main, accomplissez un miracle dont seule vous êtes capable ; sauvez-le.

Madeleine resta pendant quelques minutes sans répondre, suivant sa pensée intérieure, le cœur serré, ne respirant pas ; tout à coup elle se leva et passa dans la pièce d’où elle était sortie quand Byasson avait été introduit dans le salon. Elle resta peu de temps absente : quand elle reparut, elle avait un chapeau sur la tête et un manteau sur les épaules.

— Voulez-vous me conduire chez mon oncle ? dit-elle.