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soyez indulgente, soyez patiente. Léon n’a pas pu vous voir sans vous aimer…

— Oh ! monsieur Byasson ! s’écria-t-elle on détournant la tête.

— Je vous ai demandé toute votre confiance et toute votre indulgence ; laissez-moi aller jusqu’au bout ; il s’agit du bonheur, de l’honneur de Léon, de la vie de votre oncle et de votre tante. Lorsque Léon est revenu de Saint-Aubin avec vous, il s’est franchement ouvert à son père et à sa mère en leur disant qu’il désirait vous prendre pour femme. M. et madame Haupois-Daguillon ont refusé leur consentement à ce mariage, par cette seule raison que vous n’aviez pas une qualité qui, pour eux, à cette époque, passait avant toutes les autres, la fortune. On a envoyé Léon en Espagne, et en son absence, à son insu, on a voulu vous faire épouser Saffroy. C’est alors que vous avez quitté la maison de votre oncle, entraînée par votre vocation pour le théâtre, et dominée plus encore, n’est-ce pas ? par l’horreur que vous inspirait un mariage… qui vous blessait dans vos sentiments. Rassurez-vous, mon enfant ; mon intention n’est pas de chercher à savoir quel était alors l’état de votre cœur. Lorsque Léon revint, il fut véritablement désespéré. Il vous chercha partout, à Paris, à Rouen, à Saint-Aubin, et, de retour à Paris, il continua ses recherches. Si vous aviez pu voir alors quelle était sa douleur, vous seriez revenue. Le temps amena pour lui, comme pour nous tous, la conviction qu’on ne vous reverrait jamais. Ce fut alors que Léon fit la connaissance de cette femme. Comment se laissa-t-il prendre par elle ? Je vais vous répéter les mots mêmes dont il s’est servi en me l’expliquant et que je n’ai point oubliés :