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meure. De sa mère aussi elle avait reçu ce type de beauté scandinave qui lui donnait un cachet si particulier : la tête ovale avec des pommettes un peu saillantes, le front moyennement développé, le nez droit, le teint rosé, les yeux d’un bleu clair limpide, au regard doux et pensif, les cheveux blond doré, la figure suave avec une expression candide, la taille svelte, les mains fines et allongées, le pied petit et cambré.

Comme elle avait dû grandir, embellir depuis qu’il ne l’avait vue ! Ce n’était plus une petite fille, mais une jeune fille de dix-neuf ans.

V

À deux heures dix-huit minutes, le train entrait dans la gare de Caen ; à deux heures vingt minutes, Léon montait dans la voiture qui l’attendait.

— Nous allons à Saint-Aubin, dit le conducteur.

— Oui, et grand train.

Le conducteur cingla ses chevaux de deux coups de fouet vigoureusement appliqués.

— Combien vous faut-il de temps ? demanda Léon.

— Nous avons vingt kilomètres.

— Faites votre compte.

— Il y a la traversée de la ville.

Cette manière normande de se dérober au lieu de répondre exaspéra Léon :