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— Madeleine est à Paris. Je l’ai vue hier, et c’est par Madeleine seule que Léon peut être arraché des mains de Cara, une femme seule sera assez forte pour délier ce qu’une femme a lié ; une influence salutaire détruira l’influence néfaste.

— Léon n’aime plus Madeleine, puisqu’il a épousé cette coquine.

— Léon n’a aimé Cara que parce qu’il aimait Madeleine ; il a demandé à l’une de lui faire oublier l’autre ; après une longue séparation, sans avoir jamais entendu parler de Madeleine, sans savoir même si elle vivait encore, il a pu se laisser séduire par Cara ; mais le jour où Madeleine voudra reprendre son influence sur lui, elle la reprendra ; j’ai pour garant de ce que je vous dis les paroles mêmes de Léon, quand il m’a affirmé qu’il n’avait pris une maîtresse que pour se consoler, mais qu’il n’oublierait jamais celle qu’il avait aimée, celle qu’il aimait toujours.

M. Haupois laissa échapper un geste de mécontentement.

— Où avez-vous vu Madeleine ? demanda vivement madame Haupois.

Byasson aurait voulu ne pas répondre tout de suite à cette question, et c’était avec intention qu’il avait tout d’abord insisté sur l’influence décisive que Madeleine pouvait exercer, et aussi sur les sentiments que Léon éprouvait pour sa cousine.

Mais, devant l’interpellation de madame Haupois, il eût été maladroit de vouloir s’échapper, et mieux valait encore aborder de front la difficulté.

— Vous avez, dit-il, cherché toutes sortes d’explications au départ de Madeleine, il n’y en avait qu’une :