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moindre médisance sur son compte, et cela prouve bien évidemment qu’il n’y a rien à dire, car sa vie a été passée au crible, soyez-en sûr. Mais rentrons, le deuxième acte va commencer, et vous savez qu’elle paraît tout de suite ; je vous recommande son air : « Adieu, ayez foi ! »

Byasson ne se laissa pas dérouter par le mot « Orléans » ; se tenant bien, élevée, honnête, c’était Madeleine ; ce ne pouvait être qu’elle ; Orléans ne devait être qu’une tromperie pour dérouter les recherches ; il n’était pas plus vrai que ne l’était le nom de Harol.

Ah ! la chère et charmante fille ! elle était restée la Madeleine d’autrefois ; elle pouvait donc sauver Léon et l’arracher des mains de Cara.

Cette pensée empêcha Byasson de bien écouter l’air d’Ophélie ; mais les applaudissements lui apprirent comment il avait été chanté ; c’était un triomphe.

À l’entr’acte suivant Byasson ne résista plus à l’envie d’aller voir Madeleine, car c’était bien, ce ne pouvait être que Madeleine ; sans doute le moment n’était guère favorable à une visité, et la pauvre petite devait être toute à l’émotion de son début, mais il ne lui dirait qu’un mot.

La façon dont il affranchit sa carte lui fit trouver quelqu’un pour la porter sans retard.

Il n’attendit pas longtemps la réponse : un petit homme gros, gras, souriant, suant, soufflant, demanda d’une voix haletante où était M. Byasson.

Celui-ci s’avança, croyant qu’on allait le conduire près de Madeleine.

Z’est donc vous qui désirez voir la signora, dit le petit homme, z’est oune impossibilité en ce moment,