Page:Malot - Cara, 1878.djvu/363

Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’Opéra, devait être en situation mieux que personne de l’éclairer ; il alla à lui.

— Eh bien, dit celui-ci avec une figure joyeuse, comment trouvez-vous notre nouvelle chanteuse ?

— Charmante.

— C’est le mot qui est dans toutes les bouches. Pour mon compte, je n’ai jamais douté de son succès, mais j’avoue qu’il dépasse ce que je j’avais espéré. Ce que c’est que la beauté et le charme. Voici une jeune femme qui certainement a une excellente voix dont elle sait se servir ; croyez-vous qu’elle eût fait la conquête du public avec cette rapidité, si elle n’avait pas eu ces beaux yeux doux.

— Elle vient d’Italie ? demanda Byasson en passant son bras sous celui de son jeune ami et en l’accaparant.

— Oui, mais c’est une Française, d’Orléans je crois. Elle est élève de Lozès, ce qui est bien étonnant, car l’animal n’a jamais formé une femme de talent ; mais elle a travaillé aussi en Italie, où elle a débuté avec assez de succès pour qu’on m’ait envoyé la chercher. Elle a pour cornac un vieux sapajou d’Italien appelé Sciazziga, qui est bien l’être le plus insupportable de la création : avare, mendiant, pleurard. Elle vit avec lui.

Byasson ne put retenir un mouvement qui fit trembler son bras.

— Oh ! en tout bien tout honneur ; si vous connaissiez le Sciazziga, l’idée que vous avez eue ne vous serait pas venue. J’ai voulu dire qu’elle vivait chez lui, sous sa garde, et je vous assure qu’elle est bien gardée, car elle est et elle sera la fortune de ce vieux chenapan qui l’exploite. Au reste, elle se tient bien, et l’on voit tout de suite qu’elle a été élevée. Je n’ai pas entendu la