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n’eussent permis à leur nièce de se faire comédienne : en se sauvant, elle avait obéi à une irrésistible vocation.

Et Byasson, qui avait toujours eu pour elle une affection très-vive et très-tendre, fut heureux de trouver cette raison pour justifier cette fuite et aussi son silence depuis lors : il avait toujours soutenu qu’elle disait vrai dans sa lettre d’adieu, en parlant du devoir qu’elle voulait accomplir, il était fier de voir qu’il ne s’était pas trompé dans la bonne opinion qu’il avait d’elle.

C’était pendant la cavatine de Laërte et le chœur des officiers qu’il réfléchissait ainsi ; aussitôt qu’il put quitter sa place sans troubler ses voisins, il se hâta de sortir. Il ne pouvait pas rester dans l’incertitude plus longtemps ; il fallait qu’il sût.

Et il se dirigea vers l’entrée des artistes ; mais, après avoir fait quelques pas, il s’arrêta, retenu par une réflexion qui venait de traverser son esprit.

Pour que Madeleine sauvât Léon, il fallait qu’elle fût toujours Madeleine, la Madeleine d’autrefois.

Qui pouvait dire ce qui s’était passé ? qu’était devenue l’honnête et pure jeune fille après trois années de vie théâtrale, seule, sans affection, sans appui autour d’elle ?

Avant de voir Madeleine, avant de tenter une démarche auprès d’elle, il importait donc de savoir quelle femme il trouverait.

Il revint sur ses pas, décidé à rentrer dans la salle et chercher quelqu’un, un journaliste ou un homme de théâtre, qui pût lui donner ces renseignements.

Comme il traversait le vestibule, il aperçut justement un jeune musicien qui, faisant partie de l’administration