Page:Malot - Cara, 1878.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant la ressemblance était véritablement merveilleuse : c’était elle, c’était sa tête ovale, son nez droit, ses yeux bleus, ses cheveux blonds, sa figure douce et pensive.

Mais n’était-ce point Ophélie qui précisément ressemblait à Madeleine ? quoi d’étonnant à cela ; le type de la beauté de Madeleine n’était-il pas celui de la beauté blonde, vaporeuse et poétique ?

Le duo avec Hamlet venait de s’achever et les applaudissements éclataient dans toute la salle s’adressant non-seulement à Hamlet, mais encore, mais surtout à Ophélie : en quelques minutes, le public, indifférent pour elle, avait été gagné et charmé.

Byasson avait été trop occupé à regarder mademoiselle Harol pour avoir pu la bien écouter. Cependant il lui avait semblé que la voix était belle et puissante ; elle remplissait sans effort la vaste salle de l’opéra, et la voix de Madeleine, au temps où il l’avait entendue, était loin d’avoir cette étendue et cette sûreté.

Il est vrai que, depuis cette époque, c’est-à-dire depuis plus de trois ans, cette voix avait pu se développer par le travail.

Mais où Madeleine, si c’était Madeleine, avait-elle pu travailler ?

On disait que cette jeune chanteuse arrivait d’Italie ; après avoir quitté la maison de son oncle, c’était donc en Italie que Madeleine avait été : cela expliquait que les recherches entreprises à Paris et à Rouen pour la retrouver n’eussent pas abouti.

C’était donc la passion du théâtre qui l’avait fait abandonner la maison de sans oncle.

Alors tout s’expliquait, jamais M. et madame Haupois-Daguillon