deuil qui traversait le boulevard comme pour entrer à l’église ; cette dame ressemblait d’une façon frappante à sa mère : même tournure, même taille, même démarche, c’était à croire que c’était elle.
Mais cette pensée ne se fut pas plus tôt présentée à son esprit qu’il la chassa : cela n’était pas possible, c’était sa vasion intérieure qu’il voyait ; sa mère n’était pas en deuil.
De qui serait-elle en deuil ?
Il regarda plus attentivement ; une voiture ayant barré le passage à cette dame, celle-ci s’arrêta et tourna à demi la tête du côté de Léon.
C’était-elle ! le doute n’était pas possible, c’était bien elle ; mais alors que signifiait ce deuil ?
susttinctivement et sans réfléchir il traversa le boulevard en courant.
Quand il rejoignit madame Haupois-Daguillon, elle atteignait les premières marches de l’escalier.
— Mère ? s’écria-t-il d’une voix étouffée.
Elle se retourna et en l’apercevant tout près d’elle elle recusa.
— En deuil, dit-il, tu es en deuil, de qui ?
Elle le regarda un moment.
— De mon fils, dit-elle.
Et elle continua de gravir l’escalier sans se retourner, le laissant écrasé, suffoqué.