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Canada, cela vaut bien la banale promenade des jeunes mariés en Suisse ou en Italie.

Trois jours après le départ de Léon et de Cara, madame Haupois-Daguillon débarquait à New-York et descendait à l’hôtel que son fils venait de quitter.

Elle accourait ayant tout quitté, tout bravé pour le sauver, mais elle arrivait trop tard : parti pour l’Ouest, où ? on n’en savait rien, pour l’Ouest avec milady. Il n’y avait pas à le chercher, ni à courir après lui. Où le trouver ? et d’ailleurs comment l’arracher à cette femme ?

Cependant ce voyage de madame Haupois-Daguillon ne fut pas complétement inutile ; grâce au consul, pour qui elle avait une lettre de recommandation, grâce à un homme d’affaires actif et intelligent avec qui on la mit en relations, elle apprit, avant de se rembarquer pour l’Europe, que Léon s’était marié à l’église Saint-François devant l’abbé O’sonnor, avec la demoiselle Hortense Binoche.

Marié ! Lui, son fils !

Marié avec cette femme, une fille !

Léon et Cara employèrent trois mois à visiter la région des grands lacs et à descendre le Saint-Laurent ; c’était un vrai voyage de noces ; jamais on n’avait vu jeunes mariés plus tendres ; cependant il y avait des heures où le mari paraissait sombre et préoccupé ; quant à la femme, elle était radieuse, tout lui plaisait, la séduisait, l’enchantait.

Enfin ils s’embarquèrent à Québec pour Glasgow, et ce fut seulement après une promenade en Écosse, non moins sentimentale que celle du Canada, qu’il rentrèrent à Paris.