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pour leurs âmes chrétiennes : elle désirait donc qu’on abrégeât ces délais autant que possible ; elle était disposée à payer toutes les dispenses nécessaires, et de plus à faire à la chapelle de la très-sainte Vierge un cadeau proportionné au service qu’on lui aurait rendu.

L’entretien fut long et Cara le fit sans cesse revenir sur ce point décisif qu’il fallait pour leur salut qu’on les mariât avant leur départ pour l’Ouest. Mais le succès dépassa ses espérances, car le prêtre consentit à les marier à l’instant même, s’ils avaient les pièces exigées pour le mariage. Elle crut avoir mal entendu ou que le prêtre l’avait mal comprise, et elle recommença ses explications. Le prêtre, après l’avoir patiemment écoutée, lui répéta ce qu’il lui avait déjà dit. Elle eut peur alors qu’un tel mariage ne fût pas valable ; mais le prêtre lui assura qu’il était au contraire indissoluble. Elle pouvait donc se présenter avec son fiancé quand elle le voudrait ; ce jour même, le lendemain, et après s’être l’un et l’autre confessés, ils seraient mariés ; ils n’auraient pas besoin d’amener des témoins, on leur en fournirait : un bedeau et un enfant de chœur rempliraient cet office.

Tout autre qu’un prêtre lui eût tenu ce langage, elle eût cru qu’on se moquait d’elle ; mais ces paroles étaient évidemment sérieuses ; il ne lui restait donc qu’à profiter de ce qu’elle venait d’apprendre et au plus vite ; elle remercia ce prêtre si complaisant et lui dit qu’elle allait revenir bientôt avec son fiancé.

Avant de rentrer à l’hôtel, elle s’arrêta chez un bijoutier et elle acheta un anneau ainsi qu’une pièce de mariage.