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guerre est impossible et inutile ? Tu leur diras aussi comment les choses se sont passées, comment je n’ai voulu, comment je n’ai demandé que le mariage religieux quand je pouvais exiger l’autre, et cela leur montrera qui je suis ; ils apprendront par là à me connaître et, je l’espère, à m’estimer : Qui sait ce que deviendront alors leurs sentiments pour moi : nous vois-tu tous réunis ?

Elle se tut pendant quelques secondes voulant laisser à la réflexion le temps de sonder cet avenir qu’elle n’avait voulu qu’indiquer.

Puis, après avoir étreint Léon une dernière fois et lui avoir baisé les mains longuement en les mouillant de ses larmes brûlantes, elle se releva :

— J’ai tout dit. À toi maintenant de prononcer. Jamais nous n’avons traversé une crise plus grave. C’est notre vie ou notre mort que tu vas choisir. Tu dis oui et je me jette dans tes bras pour y rester à jamais, n’ayant d’autre souci que de me consacrer à toi tout entière et de te rendre heureux en t’aimant, en t’adorant comme jamais homme n’a été adoré. Tu dis non, et je m’éloigne pour ne te revoir jamais, car mon amour ne résisterait pas au mépris que tu me témoignerais en me refusant une juste satisfaction qui te coûtera si peu. Réduite aux termes dans laquelle je la pose, la question que tu as à trancher en ce moment consiste simplement à savoir si tu m’aimes ou si tu ne m’aimes pas. Tu m’aimes, je reste ; tu ne m’aimes plus, je pars. C’est donc là le mot, le seul que tu as à dire : je t’aime. Tes lèvres sont prononcé bien souvent, le diront-elles encore, ou ne le diront-elles point ?

Parlant ainsi, elle avait fièvreusement remis son