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d’amour, la plus grande, la plus haute que tu puisses me donner. C’est pourquoi tu me vois à tes genoux te priant, te suppliant à mains jointes comme si je m’adressais à Dieu. santais persisté dans ma première idée d’exiger de toi un vrai mariage, je ne serais pas dans cette position. Je t’aurais dit simplement ce que je désirais et saurais attendu la réponse sans appuyer ma demande par un mot ou par un geste, car un vrai mariage légal m’aurait donné des droits que celui que j’implore ne me donnera jamais. Par un mariage légal je me serais trouvée ta femme aux yeux de la loi, c’est-à-dire que saurais partagé ta fortune, celle que tu recueilleras un jour dans la succession de tes parents, saurais porté ton nom, saurais été ton héritière pour le cas où tu serais mort avant moi. Cela eût compliqué ma demande de questions d’argent et d’intérêts qui m’eussent imposé une grande réserve. Dieu merci, cette réserve n’existe pas maintenant, et je n’ai pas à me renfermer dans une froide dignité. Je peux te prier, te supplier, faire appel à ta tendresse, à l’amour, à nos souvenirs de bonheur, sans qu’on puisse m’aceuser de calcul et sans craindre de mêler l’argent au sentiment, car ce mariage purement religieux, ne me donnera aucuns droits à ta fortune, je ne serai pas ta femme pour la loi, je ne porterai pas ton nom, pour tous notre union sera nulle, elle n’existera que pour nous… et que pour Dieu. Voilà pourquoi j’insiste, pourquoi je te presse : que m’importe la loi des hommes, je n’ai souci que de celle de Dieu.

Ce n’était pas seulement par la parole qu’elle le pressait, c’était encore par le regard, par la voix, par l’accent, par le geste, se serrant contre lui, l’enveloppant,