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Madame Haupois-Daguillon se demanda si elle ne devait pas rappeler son mari, pour qu’il vît Léon avant le départ de celui-ci, mais elle crut qu’il était plus sage d’éviter une rencontre dans laquelle pourraient s’échanger des reproches réciproques, et, au lieu de lui écrire de revenir, elle le pria de prolonger son absence.CTavait été une question longuement débattue de savoir où Léon voyagerait, et comme madame Haupois-Daguillon laissait, bien entendu, le choix du pays à son fils, Cara avait fait adopter l’Amérique.

— Ne fais pas les choses à demi, lui avait-elle dit, et pour que tes parents soient bien certains que nous ne nous verrons pas, va-t’en aux États-Unis ; c’est d’ailleurs un voyage qui t’intéressera, et puis, comme la dépense sera grosse, les économies que tu feras seront grosses aussi.

Pendant les jours qui précédèrent son départ, Léon alla chaque matin passer deux heures avec sa mère, et le reste de son temps il le donna à Hortense : jamais elle n’avait été plus tendre pour lui ; jamais elle ne l’avait aimé plus passionnément.

Il devait s’embarquer à Liverpool, et comme Byasson, par un bienheureux hasard (arrangé il est vrai avec madame Haupois-Daguillon), avait des affaires qui l’appelaient à Manchester, il avait été convenu qu’il accompagnerait son jeune ami jusqu’à bord du paquebot. Comme cela on aurait la certitude que Cara n’était pas du voyage, au moins pour sa première partie.

Ce fut donc seulement jusqu’à la gare du Nord que Cara put conduire son amant, et ce fut dans la voiture qui les avait amenés qu’ils se séparèrent : que de baisers que d’étreintes, que de promesses, que de ser-