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sans doute assez largement pour que tu puisses économiser dessus quelque bonne somme qui, à ton retour, te sera utile. Voilà les pensées qui me sont venues à l’église, et c’est pourquoi je te dis d’accepter la proposition de ta mère ; pour elle, pour toi, pour nous. Maintenant tu feras ce que tu voudras ; moi au moins saurai la conscience tranquille et satisfaite, ce qui est quelque chose.

Tout cela était si raisonnable, si sage, qu’il ne pouvait pas ne pas en être touché. Évidemment son devoir de fils était de donner à sa mère malade la satisfaction qu’elle demandait. Évidemment son intérêt à lui-même était de se débarrasser au plus vite de Brazier et de Rouspineau. Évidemment en lui donnant ce conseil Hortense agissait avec une délicate générosité : cela était d’une femme de cœur.

Il ne pouvait véritablement que remercier celle qui avait eu assez d’abnégation pour lui parler ce langage ; ce qu’il fit.

Ce fut après avoir déjeuné avec sa chère Hortense, plus chère que jamais, qu’il se rendit chez sa mère.

Quand celle-ci apprit qu’il consentait à partir, elle pleura de joie. C’était la première fois qu’il la voyait pleurer, car madame Haupois-Daguillon n’était pas femme à s’abandonner facilement à ses émotions.

— Je ne mets qu’une condition à mon voyage, dit Léon en souriant doucement ; si quinze jours après mon départ tu ne m’écris pas que tu es guérie, complétement guérie, je reviens ; car tu comprends bien, n’est-ce pas, que ce voyage sera un pèlerinage pour obtenir ton rétablissement.

— Avant huit jours je serai guérie.