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les mains et en te laissant sans le sou, il te prouve à chaque instant que je t’aime pour toi, rien que pour toi. Eh bien ! quand les choses sont ainsi, je trouve mauvais que tu doutes de mon amour. Et je trouve plus mauvais encore que tu en doutes au moment même où cet amour s’affirme par le plus grand sacrifice qu’il puisse te faire. Mais je ne veux ni quereller ni me fâcher. Tu as eu une mauvaise pensée, oublions-la et revenons à ce que je te disais. Ta mère est malade, et tu dois tout faire pour lui rendre la santé ; pour cela, le meilleur moyen c’est d’assurer son repos : qu’elle te sache en Allemagne, en Angleterre, en Amérique, en Asie, tandis que je serai à Paris, et tout de suite elle se rétablira. Voilà pour elle, à qui nous devons tout d’abord penser ; si plus tard tu peux lui apprendre que je t’ai moi-même conseillé ce voyage, elle m’en saura peut-être gré. Maintenant, occupons-nous de toi. Si tu n’es pas malade, tu es en tout cas horriblement tourmenté et humilié par ces réclamations honteuses de Rouspineau et de Brazier. À ton retour, tu serais débarrassé d’eux, et cela aussi est un point important à considérer. Ce n’est pas le seul : au lieu de ménager ton argent, tu as été vite ; espérant faire des bénéfices qui te permettraient de payer Brazier et Rouspineau, tu as parié aux courses et tu as perdu ; de plus, toujours pour le même motif, tu as confié d’assez fortes sommes à ton ami Gaussin qui, avec ses combinaisons, devait ruiner la banque de Monte-Carlo, et qui s’est tout simplement ruiné lui-même en te perdant ton argent ; de sorte que tu es présentement dans une assez mauvaise situation financière. Si tu voyages, tes parents seront obligés de t’accorder des frais de route ; et ils le feront