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— Un conseil à te demander.

— Alors, il n’est pas complet, le jeune, le tendre, le sensible Léon.

— Heureusement, car ce qu’il aurait d’un côté, il le perdrait de l’autre.

— C’est aimable.

— Laisse donc, tu sais bien que tu n’as jamais été qu’une tête, drôle il est vrai, mais une simple tête ; c’est à cette tête que je m’adresse aujourd’hui : que penses-tu d’un mariage entre deux Français contracté à l’étranger sans le consentement des parents et sans publication ?

— Ton mariage n’en est pas un, ça n’est rien, ça n’existe pas aux yeux de la loi.

— De votre loi.

— Il n’y en a qu’une en France, c’est celle qui est contenue dans le sode, au titre cinquième « Du mariage ».

— Es-tu assez avocat avec ton sode ! tu sais bien pourtant qu’à côté de votre loi contenue dans votre sode au titre cinquième, sixième ou vingtième, il y en a une autre qui s’appelle la loi religieuse : tu me dis qu’aux yeux de votre sode un mariage fait comme je viens de te l’expliquer ne vaut rien, mais que vaut-il pour la loi religieuse ?

— Pourquoi t’adresses-tu à moi pour une chose qui n’est pas de ma spécialité ? tu n’as donc pas dans le clergé du diocèse de Paris un conseil pour tes affaires religieuses, comme tu en as un au barreau de la cour de Paris pour tes affaires civiles ?

— Tu sais que je n’ai jamais toléré la plaisanterie sur ce sujet, assez donc, je te prie, et si tu le veux bien,