jamais pour eux. On n’a jamais vu bourgeoise plus rangée.
— J’aime.
— Il me semble que ce n’est pas la première fois, et quand cette indisposition te prenait, elle ne t’empêchait pas d’être convenable avec tes amis.
— Maintenant c’est autre chose.
— Je m’en aperçois.
— Ce n’est pas pour toi que je parle, c’est pour moi.
— Tu t’imagines peut-être que tu aimes pour la première fois ?
— Justement ; au moins, c’est la première fois que j’aime ainsi ; il est vrai que chaque fois que j’ai aimé je me suis dit : Celui-là, c’est le bon, c’est le vrai, ce n’est pas comme le dernier.
— Et tu as toujours trouvé au nouveau des mérites que l’ancien n’avait pas ou plus justement n’avait plus.
— Enfin, je t’assure que cette fois, c’est la bonne : tu ne connais pas Léon, c’est le meilleur garçon du monde, bon enfant, simple, tendre, affectueux, n’ayant pas d’autre souci, d’autre préoccupation, d’autre passion que d’aimer. Quand je pense qu’il y a des femmes assez bêtes pour prendre comme amants des gens qui ne pensent qu’aux idées ou qu’aux affaires qu’ils ont dans la cervelle. Pour une femme intelligente, il n’y a qu’un amant possible : c’est un homme jeune, beau garçon, tendre, sensible, solide, qui n’ait d’autre affaire en ce monde que d’aimer ; — et voilà précisément Léon.
— Mes compliments. Mais alors puisqu’il en est ainsi, me diras-tu ce qui me vaut… ce n’est pas plaisir qu’il faut dire maintenant, — me diras-tu ce qui me vaut l’honneur de ta visite ?