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cause de rupture, voulait maintenant se défendre vigoureusement : de là cette feinte maladie de la mère qui était inventée pour attendrir le fils ; de là cette proposition de payer les billets Rouspineau et Brazier à condition que Léon quitterait Paris pendant deux mois ; pendant cette absence on agirait sur lui, on le circonviendrait, on l’entraînerait.

Si Brazier et Rouspineau avaient été si menaçants en ces derniers temps, n’était-ce pas précisément pour rendre le séjour de Paris insupportable à Léon ?

Déjà Cara avait eu des soupçons à ce sujet, et il lui avait semblé que les réclamations de ces deux créanciers, que leurs poursuites et que leurs criailleries devaient avoir une autre cause que le désir d’être payés par Léon.

La proposition de madame Haupois-Daguillon, arrivant juste après la période la plus violente de réclamations, persuada Cara que ses soupçons étaient fondés.

Réclamations insolentes des créanciers, maladie et proposition amicale de la mère, tout cela s’enchaînait et tendait à un même but : éloigner Léon, et ensuite ne le laisser revenir que quand il serait guéri de son amour.

Bien que cela parût logique à Cara, elle ne voulut pas s’en tenir à des présomptions si bien fondées qu’elles pussent être, il lui fallait une certitude, une preuve, et pour cela elle n’avait qu’à interroger Rouspineau et Brazier.

Sur Brazier elle n’avait pas de moyens d’action, et d’ailleurs le patriarche anglais était assez retors pour ne dire que ce qu’il voulait bien dire.