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sur cette idée de mariage qu’elle ne l’avait fait jusqu’à présent, et comme si elle n’en avait parlé que par hasard, elle passa à un autre sujet.

Que lui avait dit sa mère dans cette longue entrevue ? Tout leur temps n’avait pas été employé à manger. Une réconciliation était-elle probable, était-elle prochaine ?

Il hésita assez longtemps, mais elle le connaissait trop bien pour ne pas savoir lui arracher gracieusement et sans le faire crier ce qu’il voulait cacher.

— Cette réconciliation à laquelle tu pousses toi-même, dit-il enfin, serait possible si je voulais, si je pouvait accepter l’arrangement qu’on me propose.

— Quel qu’il soit, il faut le subir.

—-même s’il doit nous séparer ?

— Mon Dieu !

— Oh ! pour deux mois seulement.

Alors il raconta la proposition de sa mère, très-franchement et telle qu’elle lui avait été faite.

— Et qu’as-tu répondu ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.

— Je n’ai pas répondu.

— Que répondras-tu ?

— Je ne répondrai pas pour ne point peiner ma mère, et elle ne tardera pas à comprendre que je ne peux pas me séparer de toi, je ne dis pas pour trois mois, mais pour un mois, mais pour huit jours.

— Pas pour une heure.

Ce récit donna à réfléchir à Cara, et pour elle la nuit entière se passa dans ces réflexions.

Il était évident que la famille de Léon, qui pendant assez longtemps avait laissé aller les choses, comptant sans doute sur la lassitude, la satiété ou toute autre