XXII
Si Léon n’avait pas été en retard, il se serait assurément abandonné, en sortant de la chambre de sa mère, aux douces émotions qui emplissait son cœur ; mais, malgré lui, la pensée d’Hortense s’imposa impérieusement à son esprit.
Dans quel état allait-il la trouver ? C’était la première fois qu’il la faisait attendre. Qu’avait-elle pu croire ? Qu’allait-elle dire ? Ce fut quatre à quatre qu’il monta les marches de son escalier.
Comme il allait, courbé en avant, la tête basse, il fut tout surpris, un peu avant d’arriver à son palier, de se trouver brusquement arrêté ; en même temps deux bras se jetèrent autour de son cou :
— Enfin, te voilà !
C’était Hortense, haletante, éperdue.
Ils achevèrent de gravir l’escalier dans les bras l’un de l’autre, et ce fût seulement à la porte du salon close qu’Hortense, après l’avoir passionnément embrassé à plusieurs reprises, put trouver des paroles pour l’interroger :
— Où as-tu été ? Qu’as-tu fait ? Que t’est-t-il arrivé ? Qui t’a retardé ? Comment n’as-tu pas pu me prévenir ? Ah ! si tu savais quelles ont été mes angoisses ! Je t’ai cru mort ! J’ai cru que tu m’abandonnais ! Parle donc ;