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à ton père et de lui prouver que ton cœur n’est pas fermé à la voix de la conciliation. Quitte Paris pendant quelque temps, trois mois, deux mois même, seul bien entendu ; fais un voyage où il te plaira, et, à ton retour, je te donnerai moi-même, j’en prends l’engagement, tous tes billets acquittés. Voilà ce que j’ai obtenu de ton père, et voilà ce que je demande. Je te l’ai dit, ce voyage sera une marque de condescendance envers ton père, et vos rapports, nos rapports s’en trouveront changés du tout au tout. Pour moi, quelle chose capitale ! J’avoue que ce ne sera pas la seule : pendant ce voyage, dans le recueillement et dans la solitude, tu pourras t’interroger, ce qui n’est pas possible à Paris, et, au retour, tu agiras comme ta conscience… ou comme ton cœur te le conseillera, selon que l’un ou l’autre sera le plus fort. Je n’ai pas besoin de te dire ce que je demanderai à Dieu. Mais enfin, quoi que tu fasses, tu auras lutté ; et, si ce n’est pas à nous que tu reviens, tu auras au moins la satisfaction de nous avoir donné un témoignage de bon vouloir : nous te plaindrons, nous te pleurerons, mais nous ne te condamnerons plus. Réfléchis à cela, mon enfant. Tu me répondras demain, plus tard, quand tu voudras, quand tu seras fixé. Pour aujourd’hui, embrasse-moi.

Ils s’embrassèrent, émus tous deux.

— Viens quand tu voudras, dit-elle, puisque toute la journée je n’ai qu’à t’attendre. À demain.