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vaut mieux que nous nous séparions. Te verrai-je demain ?

— Tu le demandes ?

— Eh bien, à demain alors. Cependant, avant que tu partes, il faut que je te dise un mot sérieux. Oh ! sois tranquille, il ne sera point question de reproches, cette soiréea trop bien commencé pour que je la termine tristement, je veux m’endormir dans la joie.

Elle lui serra la main.

— Quand nous avons recouru à la mesure du conseil judiciaire, — je dis nous, car nous devons tous dans la famille porter notre part de responsabilité de cette mesure, — quand nous avons recouru au conseil judiciaire, nous n’avions qu’un but : rompre une liaison qui nous désespérait ; au lieu de la rompre cette liaison, tu l’as rendue plus étroite et plus intime ; et, au lieu de revenir à nous, tu t’en es éloigné davantage.

— Mais…

— Écoute-moi, jusqu’au bout, je t’ai dit que je ne voulais pas t’adresser des reproches, tu verras que je ne t’ai pas trompé ; ce n’est pas de nous que je veux parler, c’est de toi. Par la position que tu as prise, tu t’es mis dans l’impossibilité de payer tes créanciers, qui te tourmentent et te harcèlent. Je les ai vus. Je comprends que leurs réclamations et leurs reproches doivent te rendre malheureux.

— Très malheureux, cela est vrai.

— Il faut que cela cesse ; il faut que tes dettes soient payées. Elles le seront si tu veux. Que ton esprit n’aille pas encore trop vite ; je ne veux pas te faire des propositions inacceptables, te les imposer comme tu parais le craindre. Il s’agit de donner une simple satisfaction