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Puis, comme elle ne voulait pas se laisser dominer par l’émotion, elle le pria de sonner pour qu’on mît un second couvert.

— Et puis il faut savoir s’il y a à dîner pour toi, dit-elle en souriant, le régime d’une malade ne doit pas être le tien.

On avait seulement fait cuire un poulet pour que madame pût en manger un peu de blanc. Un simple poulet ! Ce n’était point là le dîner que madame Haupois voulait offrir à son fils ; heureusement le menu put être renforcé par les provisions de la maison : une terrine de Nérac qu’un ami envoyait de Nérac et donc on ne trouverait pas la pareille chez les marchands ; du fromage de Brie fabriqué à la ferme de Noiseau exprès pour les propriétaires et qui ne ressemblait en rien à celui du commerce ; des fruits du château ; une bouteille du vieux sauterne qu’on ne buvait ordinairement que dans les jours de fête et que Jacques alla chercher à la cave, enfin ces pâtisseries, ces sucreries, ces liqueurs, toutes ces chatteries, toutes ces choses caractéristiques de la vie de famille et qui rappellent si doucement les années d’enfance.

Ainsi composé, le dîner dura longtemps. Léon eût voulu cependant l’abréger, mais le moyen ? il était plus de huit heures quand il se termina. Plusieurs fois madame Haupois avait remarqué que, malgré la joie que Léon éprouvait à dîner avec elle, il était préoccupé, et elle avait compris quelle était la cause de cette préoccupation. Elle ne voulut pas pousser à l’extrême le triomphe si considérable qu’elle venait d’obtenir.

— Maintenant tu vas me quitter, dit-elle, je te garderais bien toujours, mais pour… pour mon repos il